Reconverti entrepreneur depuis qu’il a raccroché les crampons en 2020, l’ancien ailier international burkinabé, finaliste de la CAN 2013 en Afrique du Sud, Préjuce Nakoulma (36 ans), regardé avec beaucoup d’enthousiasme la 34ème édition du côté de la Côte d’Ivoire.
Il trouve que le football africain évolue dans le bon sens. Ce qu’il trouve logique, car tous les pays sont en train de mettre les voies et moyens pour le développement de leur sport roi. Si l’Afrique est considérée comme le berceau de l’humanité, il veut qu’on prouve également qu’elle est le berceau du football, car ce sont les Africains qui dominent dans les grands championnats européens.
Entretien
La phase de poules de la 34ème édition de la Coupe d’Afrique des nations, vient de se terminer, avec la Côte d’Ivoire qui se sauve in extremis grâce à la victoire du Maroc devant la Zambie (1-0). Quelles ont été vos impressions ?
Je pense que c’est l’une des plus belles CAN, avec beaucoup de rebondissements. On s’y attendait pas, parce qu’il y a vraiment des grandes nations qui ne se sont pas qualifiées. Par contre, il y a d’autres qui se sont qualifiés à la dernière journée. Pourtant, les CAN précédentes, on voyait largement la domination des grandes équipes. Donc, je peux dire que c’est une belle CAN, avec beaucoup de rebondissements, qu’on aime ainsi dans le football.
L’élimination précoce des grosses cylindrées comme l’Algérie, la Tunisie et le Ghana. Est-ce que ces éliminations étaient prévisibles ?
Aujourd’hui, on peut voir qu’il n’y a plus de petites équipes de foot. Les équipes évoluent… Quand vous prenez aujourd’hui, le Cap-Vert, la Guinée Équatoriale, la Mauritanie. Aujourd’hui, il ne faut plus sous-estimer les équipes. Chaque pays a trouvé les voies et moyens pour développer son côté sportif, surtout footballistique. Donc, pour moi, ce n’était pas vraiment une surprise, parce que comme j’ai dit, toutes les nations produisent du beau jeu, produisent du talent. C’est tout à fait logique…
Les prestations inédites de la Guinée Équatoriale, du Cap-Vert ou encore de l’Angola. Certainement des surprises ?
Comme je l’ai dit auparavant, il ne faut plus sous-estimer les équipes, parce que côté sportif, côté football, il y a beaucoup d’évolution. Les pays doivent trouver des solutions, comment améliorer les statuts des footballeurs, les conditions des footballeurs. Donc, il fallait s’y attendre. Il y a toujours des bons footballeurs dans tous les pays.
Aujourd’hui, quand vous voyez un maillot qui vous fait avancer, vous partez avec ça. Aujourd’hui, la Guinée Equatoriale, le Cap-Vert et l’Angola ont trouvé des solutions à ça. Les structures, les footballeurs et tous ceux qui sortent aussi pour aller monnayer leur talent à l’extérieur. Une surprise, parce que tout le monde disait que ça n’allait pas se faire.
Les Étalons du Burkina Faso vont croiser le Mali en huitième de finale. Deux pays frères de l’AES. Un message pour ce derby qui arrive dans un contexte particulier ?
Oui, les Étalons vont croiser le Mali, ça sera un beau match. Un contexte particulier ? Non, c’est le football… Il n’est pas mélangé à la politique ou quoi que ce soit. J’espère du beau jeu et que le Burkina va se qualifier. C’est vrai que c’est particulier, parce qu’on n’aurait pas voulu croiser le Mali, tout de suite. On aurait préféré les croiser en finale. Aujourd’hui, je pense que le Burkina va donner son meilleur pour pouvoir gagner le match et avancer.
La résurrection de la Côte d’Ivoire, mais qui sera face à la redoutable équipe du Sénégal. Pensez-vous que les Ivoiriens ont les moyens de battre les Sénégalais ?
Certes, ils se sont qualifiés difficilement, car ils attendaient les résultats des autres matchs de groupes. Mais, être passés de cette manière, vous pouvez être enthousiasmé, vous pouvez être pompé, vous pouvez avoir beaucoup de choses qui vous traversent l’idée. Se dire qu’être ressuscité de cette manière, ils n’ont plus rien à perdre.
Comme on dit dans le jargon africain : « cabri mort, n’a pas peur de couteau ». Aujourd’hui, ils vont jouer à fond, parce que c’est une deuxième chance qui se présente à eux. Malheureusement, ils tombent sur une équipe du Sénégal qui a fait un premier tour sans faute. Mais, vous savez, le foot reste le foot.
Le Sénégal peut tomber sur un mauvais jour, comme on dit et la Côte d’Ivoire qui peut revenir à son meilleur niveau. Je dirai que c’est une bonne chose pour la Côte d’Ivoire, d’un point de vue, mais aussi mauvaise pour le Sénégal.
J’espère qu’ils ne vont pas tomber sur un mauvais jour. Comme je l’ai dit, je regarde tous ces matchs de CAN et je supporte toutes les équipes. J’ai envie de regarder du beau football et que l’Afrique prouve que c’est le berceau de l’humanité, le berceau du football. Comme vous voyez dans tous les grands championnats européens, ce sont les Africains qui dominent.
Préjudice Nacoulma a joué une finale de Coupe d’Afrique des Nations avec le Burkina Faso. C’était en 2013 en Afrique du Sud face au Nigeria. Vous regrettez toujours cette finale perdue ?
Oui, j’ai déjà joué une finale, qu’on a perdue en 2013 (face au Nigéria 0-1). Des regrets ? Oui, quand tu vois jusque-là que tu pouvais remporter cette CAN et que ça n’a pas été fait. C’est un vrai regret. Mais avec Koffi, parce que c’est cette génération dont je fais partie qui a joué cette finale malheureuse. On aurait pu gagner cette coupe. Donc, il y a toujours des regrets. On aurait pu changer le cours de l’histoire du Burkina.
Aujourd’hui, on serait vraiment fiché jusqu’à la fin des temps, comme étant la première génération à remporter une Coupe d’Afrique des Nations pour le Burkina. Il y a toujours ce petit regret amer qui nous traverse la tête. Comme cette défaite malheureuse en demi-finale en 2017 contre l’Égypte aux tirs au but (1-1, tab 36′). Il y a toujours des regrets dans les grandes compétitions.
Les affiches Cameroun / Nigéria ou encore Guinée équatoriale / Guinée… Vos pronostics ?
C’est deux grandes nations du foot, j’espère voir du beau football. J’espère voir du football digne d’une finale de Coupe du monde, une finale de Champions League. Quand vous regardez le Nigéria, qui a pratiquement tous les meilleurs joueurs, le Cameroun a de grands joueurs.
Normalement, ça doit être un match ouvert. Moi, j’aime les matchs ouverts avec beaucoup de buts, beaucoup de sensations et beaucoup de choses positives. J’espère qu’ils vont tous faire du beau jeu, que ça va finir par 3-3 et que ça part aux tirs au but. Que le meilleur gagne. J’aimerais voir un match comme ça.
Nous voyons votre reconversion comme entrepreneur. Comment vont les activités pour notre champion ?
Aujourd’hui, je suis devenu entrepreneur, mais comme vous savez la reconversion, elle n’est toujours pas facile pour tous les footballeurs. Mais, tout se passe bien pour le moment et j’espère que ça va continuer. Bientôt, on va repartir sur notre joyau qu’on aime, le football. On va entreprendre pendant deux ou trois ans et s’éclipser du foot, mais ce qui est sûr on va revenir vers le football.